Amel Mihoub , galeriste et figure de proue de la scène artistique Algérienne
Sep 12, 2021
Aujourd’hui , la galerie Elwani a le plaisir de vous présenter une femme algérienne , dotée d’une ambition sans limite qui contribue à faire avancer l’art. Portrait d’une galeriste hors-pair qui va représenter notre beau pays , lors de la foire internationale, d’art contemporain d'Izmir (Turquie) en Juin 2022.
“Tout l'intérêt de l'art se trouve dans le commencement. Après le commencement, c'est déjà la fin.” (Pablo Picasso)
Le CV :
Amel Mihoub , est une galeriste Algérienne qui cumule un cursus impressionnant. Elle est titulaire d’une licence en arts plastiques délivrée par l'université de Vincennes Saint-Denis Paris 8. Elle dispose également d’un diplôme en marketing et master (communication événementielle) , en option relations publiques. Curatrice pour des expositions ponctuelles pour le compte du ministère de la culture en Algérie , elle enseigne aussi l’histoire de l’art dans une école de tourisme. Cette jeune femme à la forte personnalité , a toujours évolué dans un milieu artistique , et ce , depuis son jeune âge. Déterminée et ambitieuse , elle décide en 2018 d’ouvrir les portes de sa galerie « le Paon » et s’adonne cœur et âme à sa passion. Elle compte à son actif plusieurs expositions et vernissages prestigieux qui ont contribué à son succès. Ultime consécration , Amel Mihoub , a récemment été choisie pour représenter l’Algérie lors de la foire internationale d’art contemporain d’Izmir et compte une nouvelle corde à son arc, celle de project manager et membre de l’équipe international Contemporary Art Aegean. Elle prévoit prochainement de faire un master en marché de l’art.
Ses passions : le théâtre , l’art postal , l’évènementiel , le patrimoine culturel et bien sûr l’art contemporain.
Ses sources d’inspirations artistiques : Picasso et Mondrian.
On a eu l’occasion de s’entretenir avec elle et lui poser 10 questions que vous découvrirez instamment :
- Parlez nous de votre parcours de galeriste ?
- Quels sont vos critères de sélection pour exposer un artiste dans votre galerie le Paon ?
- Quels sont les artistes Algériens qui vous ont marqué par leur talent ?
- Quel regard portez-vous sur le milieu de l’art Algérien ?
- Si vous aviez la possibilité de réformer le milieu de l’art en Algérie, quelles seraient vos actions et pourquoi ?
- Selon vous , est-ce que le métier d’artiste peut faire vivre en Algérie ?
- Quels sont vos attentes et les enjeux de l’Algérie comme pays présent dans la foire internationale d’art contemporain d’Izmir (Turquie) ?
- Comment comptez-vous faire votre sélection d’artiste à exposer lors de cette foire internationale ?
- Donnez quelques conseils à des jeunes algériens qui souhaitent devenir artistes ?
- L’année prochaine , Le Paon Galerie va souffler sa 4 ème bougie , quel est votre bilan au terme de cette 4 ème année ?
Le compte rendu de notre entretien :
Amel Mihoub , est la fondatrice de la galerie « Le Paon ». Son aventure commence en 2018 quand elle décide d’ouvrir cette espace dédié à l’art où elle s’attelle en tant que curatrice et galeriste. Ayant pour mission de dénicher les talents de demain et les mettre en valeur on leur offrant l’opportunité d’exposer dans sa galerie qui se veut multigénérationnelle , Amel expose aussi bien des étudiants de l’école des beaux art , que des artistes professionnels confirmés incontournables de la scène artistique Algérienne. Sa galerie propose en plus , des expositions, des ateliers d’initiation à la peinture, de fabrication de bijoux artisanaux et des rendez-vous littéraires. Toutes ces activités visent à dynamiser la vie de la galerie et ramener un public plus large.
Parmi les critères de sélection d’artiste pour sa galerie, Amel nous confie qu’elle est hyper exigeante à ce niveau. Elle favorise plus des profils d’étudiants des beaux-arts ayant un parcours académique classique , ayant déjà une certaine maitrise technique et des connaissances artistiques solides. La galeriste ajoute , que pour espérer retenir son attention , il faut miser sur la créativité et l’originalité. Elle affection beaucoup les artistes engagés à travers leurs disciplines et qui ramènent de la nouveauté et de la fraicheur au milieu de l’art.
Dans ses références , on trouve des artistes comme Baya , qu’elle affectionne particulièrement pour sa finesse et sa joie de vivre. Issiakhem pour sa technique remarquable , Khadda , Mohamed Racim qui a modernisé la miniature sur bois , Rezki Zerarti ou encore Fatma Zohra Bouaouni pour sa palette de couleurs chaleureuses.
Amel Mihoub porte un regard assez bienveillant et positif sur le milieu artistique en Algérie . Elle constate que les choses sont en train de bouger par rapport à 2009 où il existait uniquement 3 galeries d’art. Depuis 2018 , on assiste à une grande effervescence autour de la culture et l’art dans notre pays , avec l’ouverture notamment de plusieurs galeries privées à Alger et dans d’autres wilayas du pays. Sans oublier les efforts du ministère de la culture qui incite et encourage les jeunes artistes Algériens à créer.
Cependant beaucoup de choses restent encore à faire pour prétendre à créer un marché de l’art dans notre pays. A ce sujet Amel , nous donne quelques pistes qui selon elle , pourraient considérablement réformer le domaine culturel et artistique en Algérie , en adoptant des actions concrètes sur le terrain : à commencer par investir dans l’éducation artistique de nos enfants , délocaliser les lieux d’art pour qu’il soit présent dans toutes les wilayas d’Algérie pour rendre l’art accessible , diversifier le programme culturel en créant des ateliers de Théâtre et de cinéma , développer un partenariat avec le ministère du tourisme pour trier des produis touristiques qui font la promotion de la culture et du patrimoine artistique Algérien , réfléchir à des alternatives pour encourager des partenariats avec des chefs d’entreprises (PDG) et des investisseurs algériens et étrangers afin de créer des emplois dans le secteur artistique , pour permettre à des artistes de bénéficier de subventions et de programme de résidences d’art , suivant un modèle qui a déjà fait ses preuves dans d’autres pays (celui de l’investissement culturel exempté d’impôts sur revenus)
Au détour de notre entretien avec Amel , on a souhaité savoir ce qu’elle pense de la réalité du métier d’artiste en Algérie et s’il pouvait faire vivre. Selon elle c’est très difficile de pouvoir vivre de son art en Algérie en général et c’est encore pire depuis que la covid-19 a fait son apparition dans notre quotidien. Il faut donc s’armer de patience et de persévérance et ne pas attendre un retour sur investissement à court terme.
En Juin 2022 , la galerie « le Paon » va représenter L’Algérie , comme pays participant à la foire internationale d’art contemporain d’Izmir (Turquie). Amel se dit être très honorée et fière de faire partie de l'équipe « International Contemporary Art Aegean » en tant que project manager et galeriste Algérienne. Parmi les enjeux et les attentes de cet évènement prestigieux : promouvoir l’identité artistique algérienne , contribuer à faire naitre une cote aux artistes algériens , créer des collaborations internationales avec d’autres galeries et institutions, favorisant ainsi les échanges culturels , communiquer et promouvoir les évènements , symposiums , conférences et autres rencontres organisées par l’équipe international « Contemporary Art Aegaen » , accompagner les artistes algériens dans leurs démarches et les aider à se positionner sur la scène artistique internationale. Cela va être pour elle une expérience professionnelle et humaine enrichissante qui lui permettra d’apprendre et d’évoluer dans son métier.
Pour cet évènement , Amel Mihoub va présenter à travers sa galerie « le Paon » , le travail d’artistes algériens qu’elle a rigoureusement sélectionnés selon des critères bien définis. Seront présent des artistes déjà signés avec sa galerie , des artistes confirmés comme Zerarti et des jeunes talents émergents comme Fatma Zohra Bouaouni et bien d’autres artistes qui auront la lourde tâche de représenter et faire la fierté de notre pays. Toutes les œuvres sélectionnées seront empreintes de contemporanéité mêlée d’ une identité algérienne résolument novatrice.
D’ailleurs , la galeriste a tenu à donner quelques conseils à des jeunes algériens qui souhaiteraient s’orienter vers une carrière artistique : Il faut savoir que ce milieu est un parcours du combattant , il faut persévérer , ne pas céder face à un échec , faire preuve de patience , être ambitieux , développer son propre style et innover. Selon elle , c’est la recette du succès. Pablo Picasso disait : "Je fais toujours ce que je ne sais pas faire, pour pouvoir apprendre à le faire."
L’année prochaine , le Paon galerie va souffler sa 4 ème bougie , l’occasion pour elle de faire un bilan sur son parcours. Amel nous confie d’une voix remplie d’émotion qu’elle est fière d’avoir pu organiser et exposer beaucoup d’artistes algériens talentueux qui ont sublimé les murs de sa galerie. Elle se souvient encore de l’exposition collective « le fils du peuple » , réunissant 43 étudiants de l’école des beaux arts , l’exposition «Le Soleil se lève à l’ouest » de l’artiste et graveuse japonaise Wakai Mayuka , un de ses moments les plus inoubliables , l'exposition « l'Indépendance aux couleurs de l'Art » et plus récemment l'exposition « renouveau » à l’institut culturel Français.
On vous invite à visiter sa galerie et profiter de cette rentrée pour faire le plein de culture et d’art d’autant plus qu’elle vous a concocté un programme riche en expositions et en découvertes comme l’artiste Noredine Chegrane , Houssem Laala ou encore Nouicer Nadjem. Sans oublier un rendez-vous littéraire prévu pour le 25 septembre avec l’autrice Yousra Mouloua qui viendra faire une lecture de son dernier ouvrage.