Ambroise Vollard
Nov 30, 2023
Ambroise Vollard
Auteur , marchand , éditeur et collectionneur français
Né : 3 juillet 1866 - Saint-Denis, Réunion
Mort : 22 juillet 1939 - Versailles, France
Enfance et éducation
Premier fils de Marie-Louise-Antonine Lapierre et d'Alexandre Vollard, Ambroise Vollard est l'aîné de dix enfants. Élevé dans la colonie française de la Réunion, une île de l'océan Indien, il connaît une enfance stricte. Son père est un homme sérieux qui travaille officiellement comme clerc de notaire. Ambroise se souvient qu'à l'âge de douze ans, on lui avait interdit de lire le conte de Hans Christian Andersen, Les habits neufs de l'empereur, parce qu'il mettait en scène un homme nu. Selon l'historienne de l'art Ann Dumas, Vollard a trouvé une échappatoire dans la collection. Elle écrit : "garçon au sens visuel précoce, il se réjouissait de la variété des tons d'un bouquet tout blanc ; ses accumulations de cailloux et de morceaux de vaisselle bleue cassée étaient les premiers signes d'un instinct de collectionneur".
Formation initiale
Ambroise Vollard avait prévu de faire carrière dans la médecine. Cependant, après que son père l'eut emmené dans un hôpital pour observer une opération chirurgicale, et que la vue du sang l'eut presque fait s'évanouir, son père décida qu'Ambroise serait plus apte à faire une carrière dans le droit. Après deux années d'études à Montpellier, Vollard poursuit sa formation à Paris, dont il se souvient : "Paris ! La magie même de ce nom me prédisposait à tout admirer". C'est à Paris que sa passion pour l'art s'affirme, passant ses temps morts à chiner, selon Dumas, "dans les caisses de livres, d'estampes et de dessins des échoppes des quais de la Seine". Dans l'année qui suit, Vollard abandonne le droit et décide de devenir marchand d'art, ce qui irrite son père qui lui retire ses allocations.
Paul Cézanne: Ambroise Vollard (1899)
Après avoir été refusé comme apprenti par le marchand Georges Petit (au motif qu'il ne parlait pas de langues étrangères), Vollard travailla brièvement pour le marchand Alphonse Dumas, spécialisé dans la peinture académique et qui découragea activement l'intérêt de Vollard pour l'impressionnisme. En 1890, Vollard prend la décision audacieuse de voler de ses propres ailes en ouvrant une petite boutique dans l'une des deux chambres qu'il avait louées pour son logement. Au début, il a du mal à gagner sa vie en revendant des œuvres d'art qu'il a achetées sur les étals qui bordent les rives de la Seine. Ne disposant pas des revenus nécessaires à l'achat de tableaux importants, il fait preuve d'une perspicacité et d'une ingéniosité incroyables en achetant des gravures et des dessins d'artistes moins connus de la "Seine", dont la vente lui permet d'accumuler des fonds et même de lier des artistes à des contrats. En septembre 1893, Vollard s'installe dans une petite boutique au 37 rue Laffitte, ce qui lui permet d'être à proximité des principales galeries parisiennes. Dumas note que l'ouverture de la galerie tombe à point nommé puisqu'elle coïncide avec "le déclin de l'encombrant système des Salons patronnés par l'État, qui s'articulait autour de grandes expositions annuelles très médiatisées" avant d'être dépassé par "la montée en puissance des marchands d'art".
Edgar Degas: The Coiffure (1892-95)
Vollard connaît son premier grand succès lorsque, par instinct, il rend visite à la veuve d'Édouard Manet, à qui il achète une sélection de peintures et de dessins inachevés de son mari. Il les présente à sa première exposition dans une galerie en 1894, où les critiques sont dithyrambiques. L'exposition attire l'attention d'Edgar Degas et de Pierre-Auguste Renoir qui sont tellement impressionnés par Vollard qu'ils acceptent qu'il les représente. Le statut de Vollard en tant que marchand avec lequel il faut compter est dûment assuré et il commence à attirer l'attention de nombreux collectionneurs influents.
Vollard a pris cette photographie du Salon d'Automne de 1904. La salle présentée était consacrée aux œuvres de Paul Cézanne et l'homme adossé au mur était le collectionneur d'art français Victor Chocquet.
A propos des relations entre Vollard et Cézanne, la journaliste Susan Stamberg explique comment l'artiste, qui n'avait "pas exposé depuis 20 ans" et "vivait dans l'obscurité" en Provence, a été retrouvé par Vollard (après avoir vu pour la première fois une de ses toiles dans la vitrine du Père Tanguy) qui a acheté "150 toiles" au fils de Cézanne, qui était son gérant d'affaires. Dumas ajoute que Vollard était "assez opportuniste pour reconnaître que Cézanne était la seule grande figure de la génération impressionniste à ne pas avoir de marchand". Elle ajoute que l'exposition de 1895 sera un tournant crucial dans la carrière du marchand puisqu'elle lui permet de "devenir le seul marchand de Cézanne et d'obtenir ainsi le monopole de sa production ; ceci, ajouté au fait que Vollard a commencé à attirer une clientèle française et internationale sophistiquée, a jeté les bases de son succès ultérieur".
Vue contemporaine de la rue Laffitte, la rue de Paris où Ambroise Vollard avait sa galerie d'art. À l'arrière-plan, on aperçoit l'emblématique cathédrale du Sacré-Cœur.
Installé au 37 rue Laffitte, Vollard cherche à consolider sa réputation de marchand d'art d'avant-garde en exposant une vingtaine d'œuvres de Paul Gauguin, Vincent van Gogh et Émile Schuffenecker. L'exposition ne rencontre qu'un succès critique et commercial mineur, ce qui n'empêche pas Vollard d'organiser l'année suivante une exposition consacrée à van Gogh, avec des œuvres empruntées à la succession du Néerlandais récemment décédé (1890). Le grand public n'est pas encore conquis par les œuvres de van Gogh et, déçu par le manque de ventes, Vollard n'organise plus jamais d'exposition complète des œuvres de l'artiste hollandais. Ce sera l'une des erreurs professionnelles les plus regrettables de Vollard : "Je pensais qu'il n'avait aucun avenir et j'ai laissé partir ses tableaux pour presque rien", dira-t-il plus tard. En dépit d'un rendement négligeable, Vollard a contribué à maintenir l'œuvre de van Gogh sous les yeux du public et peut donc s'attribuer une partie du mérite de la construction de sa réputation en tant que maître post-impressionniste.
Paul Gauguin : D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? (1897-98)
La période de maturité
Sa réputation grandissant, Vollard déménage dans un magasin plus grand, rue Laffitte, qui deviendra bientôt l'une des plus importantes galeries de Paris. Vollard organise plusieurs expositions personnelles d'artistes importants, dont une exposition en 1898 des peintures de Paul Gauguin à Tahiti, et les premières expositions personnelles d'Émile Bernard (en 1901), d'Aristide Maillol (en 1902) et d'Henri Matisse (en 1904). Mais la plus remarquable de ces expositions a peut-être eu lieu en 1901, lorsque Vollard a offert à Pablo Picasso, âgé de dix-neuf ans, sa première exposition. En 1910, Vollard organise une exposition complète des œuvres pré-cubistes de l'Espagnol.
Portrait d'Ambroise Vollard par Félix Vallotton en 1902.
Par l'intermédiaire de sa galerie, Vollard est également chargé de promouvoir les artistes associés aux mouvements fauvistes et nabis, relativement peu connus. Il encouragea des artistes tels que Maurice Denis et André Derain à créer des estampes qu'il exposait ensuite dans sa galerie. Vollard déclare : "J'étais à peine installé rue Laffitte que je commençai à rêver de publier de belles estampes, mais j'estimais qu'elles devaient être réalisées par des "peintres-imprimeurs". Mon idée était d'obtenir des œuvres d'artistes qui n'étaient pas graveurs de profession". L'impressionniste Camille Pissarro, qui avait été représenté par Vollard, loue l'ingéniosité du marchand : "Vollard va avoir chez lui, rue Laffitte, une presse à lithographies. Ce créole est étonnant, il passe d'une chose à l'autre avec une facilité étonnante". Son premier album de gravures, Les Peintres-Graves, publié en 1896 et qui connut un grand succès, comprenait vingt-deux estampes originales d'un certain nombre d'artistes importants, dont Pierre Bonnard, Edvard Munch, Pierre-Auguste Renoir et Odilon Redon.
Vollard a encouragé et soutenu de nombreux artistes modernes qui se sont tournés vers la lithographie comme un nouveau moyen viable de faire de l'art. L'un de ces artistes est Édouard Vuillard, dont l'estampe Across the Fields fait partie de l'album que Vollard publie en 1899 sous le titre Paysages et intérieurs.
La galerie de la rue Laffitte se double d'un centre social où les Parisiens les plus en vue se réunissent pour déguster des plats raffinés. Comme l'explique Dumas, ces repas se déroulaient "dans sa cave, la légendaire grotte, où Vollard servait son poulet au curry créole à une galaxie d'artistes, d'écrivains et de collectionneurs peu conventionnels. Ces réunions célèbres ont été immortalisées par des peintures et des croquis de [Pierre] Bonnard". Chaque soir, on pouvait dîner avec certaines des personnes les plus importantes de la société parisienne, ce qui donnait souvent lieu à des événements inattendus. Par exemple, Vollard décrit un incident impliquant un invité qui a présenté sa compagne de table comme étant la sainte sœur Marie-Louse. Vollard la présente à Renoir, mais il est choqué d'apprendre qu'elle n'est en fait pas du tout affiliée à l'Église. Il se souvient que "lorsque je me suis excusé auprès de Renoir de l'avoir mis en contact avec une fausse religieuse, il m'a répondu : "Où que j'aille, Vollard, je peux dire que je sais à l'avance qui je vais rencontrer et de quoi nous allons parler. Chez vous, on rencontre au moins l'imprévu".
Portrait de Vollard par Jean-Louis Forain (vers 1910)
Jamais marié, Vollard en vint à considérer sa communauté d'artistes comme sa famille, au sein de laquelle il s'imposait : "D'une taille et d'une corpulence exceptionnelles, avec une peau sombre et des yeux lourds", écrit Dumas, Vollard parlait avec un "léger zézaiement, d'une voix étonnamment légère et aiguë pour un homme de sa corpulence", tandis que ses mouvements "sans hâte et pesants" démentaient son sens aigu des affaires. Par ailleurs, les récits de la vie privée de Vollard sont rares et anecdotiques, même son autobiographie se concentrant presque exclusivement sur ses relations avec ses collègues et ses pairs (il n'y a rien sur les relations amoureuses que Vollard a pu entretenir). Il a toutefois fait une remarque intéressante sur l'idée de prendre une épouse lorsqu'il a déclaré : "J'ai toujours apprécié - en ce qui concerne les autres - l'utilité d'être marié. Si on vous demande de faire quelque chose qui vous ennuie : [vous pouvez dire] "Ma femme n'en entendra pas parler".
Maurice Denis : Le bouquet du matin, Larmes, planche 3 de Amour (1898, publié en 1899)
Vollard n'était pas sans distractions et on sait qu'il était sujet à de brusques sautes d'humeur et à des épisodes de silence morose. La célèbre écrivaine et collectionneuse Gertrude Stein l'a un jour décrit comme un "énorme homme sombre", et ce lorsqu'il était d'humeur "joyeuse". Le conservateur Gary Tinterow a ajouté que Vollard pouvait être un homme tout à fait obstiné qui "ne vendait jamais à personne ce qu'il voulait : il ne montrait jamais aux gens ce qu'ils voulaient. S'ils venaient voir un Cézanne, il sortait un Gauguin. S'ils voulaient une nature morte, il disait : "Eh bien, voici un paysage".
Maurice Denis : Hommage à Cézanne (1900)
Il y avait aussi les inévitables désaccords entre le marchand et l'artiste. Douglas Druick, directeur du musée, explique qu'au début de leur relation, Gauguin "exprimait fréquemment une hostilité véhémente à l'égard de Vollard dans des lettres à ses amis" et critiquait souvent les commandes qu'il acceptait en tant que marchand. Pourtant, certains de ces désaccords étaient sans doute dus autant à la personnalité et aux attentes de ses artistes qu'à celles de Vollard en tant que marchand. Comme l'explique Dumas, "Vollard était plein de contradictions et les opinions à son égard étaient très différentes. Les artistes qui se plaignaient qu'il les exploitait trouvaient un jeu de mots commode en assimilant son nom au mot voleur, [mais] d'autres appréciaient sa loyauté et sa générosité. Je crois absolument en l'honnêteté de Vollard", insiste Cézanne, éternellement reconnaissant à Vollard de l'avoir sauvé de l'obscurité. Vollard et Renoir deviendront, quant à eux, des amis de longue date.
Pierre-Auguste Renoir revient souvent sur le sujet de son ami Vollard, son Vollard en Toréador de 1917 étant l'un de ses portraits les plus insolites.
Ami autant que marchand, Vollard a réalisé de nombreux portraits. Ceux-ci vont de simples esquisses à des toiles cubistes réalisées par des artistes tels que Cézanne, Denis, Picasso, Renoir et Georges Rouault. S'ils varient dans leur traitement, tous s'efforcent de capturer un peu de l'énigme de cet homme réservé et privé.
Vollard s'est avéré être un personnage quelque peu agité en ce qui concerne ses intérêts créatifs. Lorsqu'il réfléchit à son passage à l'édition, il raconte l'anecdote suivante : "En me promenant sur les quais, j'ai plongé un jour dans les livres qui se trouvaient dans la boîte d'un brocanteur. Sur la page de titre d'un bel in-octavo, j'ai lu : " Ambroise Firmin-Didot " : Ambroise Firmin-Didot, éditeur. Ambroise Vollard, éditeur... ça ne serait pas mal non plus", me suis-je dit. Peu à peu, l'idée de devenir un éditeur, un grand éditeur de livres, s'est imposée dans mon esprit. Je ne pouvais pas voir une belle feuille de papier sans me dire : "Comme les caractères seraient bien sur cette feuille ! Vollard consacre bientôt toute son énergie à cette nouvelle activité, les livres qu'il publie étant conçus pour inclure des illustrations des artistes qu'il représente. En 1916, il publie une édition révisée des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire avec des illustrations d'Émile Bernard, un choix controversé étant donné que la première édition du livre (publiée en 1856) avait provoqué un scandale national dans lequel un tribunal avait jugé six des poèmes indécents et avait ordonné qu'ils soient retirés de toutes les éditions futures.
Outre son rôle de marchand, Vollard a publié de nombreux livres, dont ce roman de 1902, Le Jardin des Supplices. Le livre a été écrit par Octave-Henri-Marie Mirbeau et comprend des lithographies d'Auguste Rodin.
Devenu marchand d'art et éditeur de livres à succès, Vollard prend lui-même la plume : "non content d'être éditeur, je me suis aussi essayé à l'écriture", écrit-il. Il rédige des monographies sur les principaux artistes, en commençant par Cézanne en 1914. Au sujet de l'écriture de son premier livre, Vollard s'enthousiasme : "dans la joie de me voir imprimé, je passais mes journées à tourner autour des machines". Il enchaîne avec des livres sur Renoir en 1919 et sur Degas en 1924. Comme il connaissait personnellement tous ces artistes, ses livres sont empreints d'une certaine authenticité. Pour son livre sur Renoir, Vollard a déclaré : "J'ai accordé une grande place à la peinture, mais seulement, je dois l'ajouter, en tant que rapporteur des propos de Renoir sur le sujet. Mais là aussi, la personne et la vie de l'artiste méritaient le traitement le plus complet que je pouvais leur donner". Commentant les livres un siècle plus tard, Dumas a observé que bien qu'"anecdotiques et à bien des égards légers, ces livres n'en conservent pas moins la fraîcheur des récits de première main, et les historiens de l'art s'y sont fiés comme à une source unique d'informations".
Période ultérieure
Le déclenchement de la première guerre mondiale contraint Vollard (comme d'autres marchands) à fermer sa galerie et à se retirer dans la commune de Varaville, en Normandie (nord-ouest de la France). Il reste cependant actif, réussissant à vendre quelques tableaux et, à la demande des services de propagande du gouvernement français, effectuant des tournées en Suisse et en Espagne pour donner des conférences sur les artistes (français) Cézanne et Renoir.
Pierre Bonnard : Dîner chez Vollard (Cave Vollard) (ca.1907)
Après la guerre, Vollard a pu se réinventer. Le centre du monde de l'art parisien s'était déplacé dans un quartier proche des Champs-Élysées, mais Vollard a choisi de poursuivre une voie différente en tant que marchand privé, promoteur et éditeur de livres travaillant à partir de sa propre résidence. Selon Dumas, il achète en 1924 un ancien hôtel qui, avec ses nombreuses pièces, peut accueillir son importante collection d'œuvres d'art. Il transforme le premier étage en galerie où il peut exposer et vendre des œuvres. Le prestige de Vollard est tel qu'il signe avec un éditeur anglais pour écrire son autobiographie, Recollections of a Picture Dealer. L'ouvrage est si bien accueilli lors de sa parution en 1926 qu'une édition française est publiée un an plus tard. Il effectue sa seule et unique visite aux États-Unis à la fin du mois d'octobre 1936, où il donne une conférence dans une galerie de New York à l'occasion d'une exposition Cézanne, ainsi qu'une conférence à la Fondation Barnes au début du mois de novembre, très probablement pour renforcer ses relations avec Albert Barnes, qui avait été un client de la boutique parisienne de Vollard.
Pierre-Auguste Renoir: Ambroise Vollard (1908)
Peu après le début de la Seconde Guerre mondiale, Vollard, âgé de 73 ans, est victime d'un accident de voiture. Il était le seul passager de la voiture avec chauffeur qui le ramenait à Paris depuis son domicile de Tremblay-sur-Maudre. Il est décédé le lendemain à l'hôpital des suites de complications liées à l'accident. Dans son testament, Vollard lègue tout à ses frères et sœurs, à un ami de la famille et quelques œuvres à la Ville de Paris (qui lui consacre une salle au musée du Petit Palais en 1940). Bien que Vollard ait constitué une impressionnante collection d'art moderne, il n'existe pas de registre définitif de ce qu'il possédait ou ne possédait pas, et un nombre important d'œuvres ont "disparu" pendant les années de guerre. Il s'ensuivit plusieurs scandales et procès concernant la distribution et la propriété légale de sa collection. Ces querelles juridiques se sont prolongées jusqu'au XXIe siècle.
L'héritage d'Ambroise Vollard
Il ne fait aucun doute que Vollard a eu un impact significatif sur l'art du début du XXe siècle. Selon Dumas, "il est rapidement devenu le principal marchand d'art contemporain de sa génération et un acteur majeur de l'histoire de l'art moderne [en aidant à lancer] les carrières de Paul Cézanne, Pablo Picasso et des Fauves [sans oublier] les Nabis, Odilon Redon, Henri Matisse et bien d'autres". À propos de ses seules expositions sur Cézanne, la conservatrice Rebecca A. Rabinow déclare : "Si vous pensez à tous les gens qui sont passés par la galerie de Vollard, à tous les artistes qui ont été influencés par Cézanne, vous vous rendrez compte que Vollard n'avait pas retrouvé sa trace. Si Vollard n'avait pas retrouvé Cézanne dans le sud de la France, le cubisme existerait-il encore ?
La photographie d'Edmond Bénard représentant Vollard devant Evocación. El entierro de Casagemas (1901) de Pablo Picasso, qui fait partie de la collection du Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris.
Vollard a posé les jalons de ce que pouvait faire un marchand d'art. Si l'on prend le seul exemple de Cézanne, Vollard a montré comment la confiance en soi et la foi particulière en un artiste (inconnu) - attestée par l'achat d'une partie entière de son œuvre - pouvaient influencer les goûts futurs d'une génération. Vollard a également refusé de se laisser enfermer dans la définition étroite de "marchand d'art", étendant son influence à l'édition et à l'illustration. En tant qu'auteur, ses monographies sur Cézanne, Degas et Renoir sont aujourd'hui encore considérées comme des sources primaires par les historiens. En outre, il encouragea nombre de ses clients à s'initier à la gravure, notamment Pierre Bonnard et Édouard Vuillard, ce dernier jouant, selon Dumas, "un rôle clé dans la renaissance de la gravure (en particulier l'émergence de la lithographie en couleurs) qui a eu lieu à la fin du dix-neuvième siècle".
La fontaine des Bagniers, située dans la rue des Chapeliers à Aix-en-Provence, en France, a été offerte à la ville par Vollard en 1926. Au centre se trouve un médaillon représentant le portrait de Paul Cézanne, dessiné par Auguste Renoir.
Certains ont noté que Vollard n'a pas su exploiter tout le potentiel de Matisse ou de Picasso, et qu'il est resté largement insensible à certains des principaux mouvements, dont le cubisme et le surréalisme. Cependant, ces lacunes ont été largement compensées par le dévouement de Vollard au développement de ses artistes et par un niveau de persévérance et de confiance en soi qui l'a vu façonner le canon du modernisme du tournant du siècle.
Pablo Picasso Ambroise Vollard (1910)
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