Titien
Jul 27, 2022
Titien
Peintre italien
Naissance : 1488-90 - Pieve di Cadore, Italie
Décès : 27 août 1576 - Venise, Italie
Enfance
Tiziano Vecellio, dit Titien, est né à Pieve di Cadore, un petit village des Alpes, fils de Gregorio Vecellio, riche conseiller et capitaine de la milice vénitienne de la région. La date exacte de sa naissance est incertaine, mais les spécialistes modernes la fixent généralement entre 1488 et 1490 sur la base du Dialogue de la peinture de Ludovico Dolce, qui indique que, à l'époque des fresques perdues du Fondaco dei Tedeschi, Titien n'avait pas encore 20 ans. Vers l'âge de dix ans, il s'installe à Venise avec son frère aîné Francesco pour suivre un apprentissage d'artiste. Il étudie d'abord la mosaïque dans l'atelier de Sebastiano Zuccato, puis devient l'apprenti de Gentile Bellini. Après la mort de Gentile, Titien est allé travailler pour son frère Giovanni Bellini, l'un des peintres les plus importants de Venise à l'époque. Il y rencontre Giorgione, un ancien apprenti de Bellini, qui l'aide à développer son premier style.
Premières années
Vers 1508, Titien collabora avec Giorgione pour la décoration extérieure du Fondaco dei Tedeschi (l'entrepôt d'État des marchands allemands). La relation entre les deux maîtres est encore très débattue par les historiens de l'art, certains suggérant une rivalité ouverte et d'autres une amitié étroite entre eux. Ce qui est certain, c'est que la distinction entre leurs œuvres à cette période est toujours controversée. Par exemple, le célèbre Christ portant la croix (1508-09), conservé à la Scuola Grande di San Rocco, longtemps considéré comme l'œuvre de Giorgione, a récemment été attribué à Titien. Bien que Titien se soit éloigné du style de Giorgione en termes de palette de couleurs et d'effets lumineux, son influence continue d'être apparente dans l'œuvre du Titien pendant quelques années.
Le Christ portant la croix (1508-09) à la Scuola Grande di San Rocco, Venise
En 1510, Titien lance sa carrière indépendante à Venise et l'année suivante, il se rend à Padoue pour peindre les fresques de la Scuola de Saint-Antoine. À son retour, l'artiste installe un atelier sur le Grand Canal, à S. Samuele, administré par son frère Francesco. En 1516, après la mort de Bellini, Titien est nommé peintre officiel de la République de Venise. Cette nomination fut cruciale pour sa carrière artistique : il bénéficiait d'un cachet annuel de cent ducats et d'une bonne exonération fiscale. Il a occupé cette fonction pendant près de 60 ans, investissant ses revenus dans le commerce du bois de son Cadore natal, une activité très importante pour l'industrie navale de la République (on dit que Titien est devenu l'artiste le plus riche qui ait jamais vécu à cette époque). La même année, il achève l'Assomption de la Vierge, pour la Basilique de Santa Maria Gloriosa dei Frari, un tableau qui fait sensation par son échelle majestueuse et son utilisation innovante de la couleur. Au cours de cette période, il réalise également plusieurs peintures en demi-longueur et des bustes de jeunes femmes, notamment Flora (vers 1515) et Femme au miroir (vers 1515), ainsi qu'une série de petites Madones pour un certain nombre de riches mécènes.
Dans la Femme au miroir du Titien (vers 1515), l'inclusion des miroirs et l'étagère en trompe-l'œil au bas de l'image sont redevables à Giorgione.
La période de maturité
En 1525, Titien épouse Cecilia Soldani, une femme avec laquelle il a déjà deux fils, Pompeo et Orazio (qui deviendra plus tard l'assistant de Titien), mais elle meurt en 1530. Titien se remaria plus tard, mais on sait peu de choses de sa seconde épouse. Bien qu'il soit déjà très apprécié, la popularité de Titien ne cesse de croître, la royauté et les nobles d'Italie et d'ailleurs commencent à rechercher ses œuvres et il devient le principal peintre de la Cour impériale. Il est également nommé peintre officiel du roi Philippe II d'Espagne et ses œuvres sont commandées et achetées dans toute l'Europe par ceux qui sont assez riches pour se les offrir. Vers la fin des années 1520, Titien rencontre Jacopo Sansovino et Pietro Aretino, des artistes qui lui font découvrir ce que l'on appelle le maniérisme, un style qui commence à apparaître dans ses tableaux à partir de cette période. En 1532, peu après avoir peint un portrait de l'empereur Charles Quint à Bologne, l'artiste est nommé comte palatin. Au cours de cette période, Titien commence à peindre des représentations d'une Vénus couchée et il continue à expérimenter ce sujet pendant les deux décennies suivantes, notamment La Vénus d'Urbino (vers 1534), Vénus et l'amour (1550) et Vénus avec un organiste et un chien (1550).
Dans les années 1540, Titien réalisa certains de ses portraits les plus célèbres, notamment le Portrait de Pietro Aretino (1545), le Portrait du pape Paul III (1543) et le Portrait équestre de Charles Quint (1548), ce dernier tableau établissant un nouveau genre de grands portraits équestres. En 1546, il se rend à Rome où il obtient la liberté de la ville et où il rencontre Michel-Ange. À partir du début des années 1550, Titien travaille régulièrement avec Philippe II, produisant une série de tableaux aux thèmes mythologiques qu'il appelle "poésie".
Période tardive
À partir de la fin des années 1550, l'artiste développe une approche moins réaliste de la représentation et utilise des coups de pinceau larges et lâches dans ses œuvres, qui deviennent de plus en plus abstraites au cours des dernières années de sa vie. Titien est mort de la peste le 27 août 1576, peu de temps avant que son fils Orazio ne succombe à la même maladie.
Autoportrait de Titien (vers 1560-62) (Détail) à la Gemäldegalerie, Berlin
L'héritage du Titien
Titien a inspiré nombre de ses contemporains par son style maniériste, en particulier ceux qui faisaient partie de son atelier, notamment Paris Bordone, Bonifazio Veronese et Polidoro da Lanciano, ainsi que son neveu Marco Vecellio. Il a également été suggéré qu'il a employé El Greco dans ses dernières années, influençant ainsi son célèbre usage vibrant de la couleur. En 1590, le théoricien de l'art Giovanni Lomazzo a qualifié Titien de "soleil parmi les petites étoiles, non seulement parmi les Italiens, mais aussi parmi tous les peintres du monde". Des maîtres tels que Rubens, Rembrandt et Tintoret ont une dette envers Titien en termes de composition, de couleur et d'utilisation de coups de pinceau plus lâches. Cette influence s'est étendue bien au-delà du XVIIe siècle, Marco Boschini écrivant en 1674, près de cent ans après la mort du Titien, que : "Titien était vraiment le plus excellent de ceux qui ont peint : parce que ses pinceaux donnent toujours naissance à des expressions de vie".
L'autoportrait de Titien (vers 1567) au musée du Prado, Madrid
Les artistes sont revenus au Titien aux XVIIIe et XIXe siècles. Sir Joshua Reynolds était tellement fasciné par son œuvre qu'il a gratté des couches de peinture sur une toile qu'il possédait pour découvrir les procédés et les techniques du Titien. Le néoclassique Jean Auguste Dominique Ingres et les impressionnistes français, dont Manet, se sont inspirés des toiles plus tardives et plus libres de l'artiste. Comme l'a écrit Eugène Delacroix : "Titien est un de ceux qui se rapprochent le plus de l'ingéniosité des anciens [...]. Ceux qui ne voient pas dans Titien le plus grand des coloristes sont dans une grande erreur : il est en effet, mais en même temps est le premier des dessinateurs".